Ce texte d'Eric-Emmanuel Shmidt est, comme on dit au cinéma, ce qu'on pourrait appeler un "séquel" au mythe bien connu de Don Juan.
 
Car finalement, et si trop c'était trop ?
Ce texte écrit en 1989, c'est un peu le #metoo avant l'heure.
 
Et si les femmes bafouées toutes ces années par Don Juan sortaient enfin du silence ? Et si elle le traduisaient en justice ? Et si il devait enfin répondre de ses crimes et son manque de respect envers les femmes ?
 
"Car voici celles que j'ai convoquées ici ce soir : les victimes de Don Juan. {...} Ce soir, Don Juan va venir. Il ne sait rien, il croit se rendre à un bal, mais nous, cing femmes, cinq femmes qu'il a bafouées, cinq femmes défaites que la mémoire torture, que le passé supplicie, cinq femmes ici ce soir le jugeront et le condamneront. Cette nuit, nous ferons le procès de Don Juan."
 
Un synospis comme ça n'est pas sans rappeler une certaine affaire Weinstein...
C'est ce qui nous a intéressé ici, de tirer profit d'un effectif très majoritairement féminin pour monter une farce dont elles tiennent les rênes.
L'atelier s'intitulait On (n')est (pas) là (que) pour rigoler, car monter une pièce en moins de deux heures par semaine c'est ambitieux, mais c'est l'enjeu qui est fun!
On a donc essayé très sérieusement de s'amuser à faire prendre corps à ce huis clos où les blessures du passé résonnent dangereusement dans le présent et où ces femmes si "douces" peuvent s'avérer tout autant cruelles qu'on a laissé les hommes l'être envers elle pendant trop longtemps.